L’Editorial du président
Joyeux Noël Païen !
Les dieux, disait Sébastien Faure, sont nés de l’ignorance et de la peur. A l’origine des religions on trouve, profondément ancrés, les cycles de la nature mystifiés et divinisés : les deux équinoxes et les deux solstices, marquant les quatre saisons, sont l’occasion de célébrations dans tous les mythes du monde. La religion chrétienne, grande récupératrice des traditions païennes à son profit, n’a su faire mieux que d’adopter le solstice d’hiver comme date de naissance de son soi-disant messie, et, après le pape Grégoire XIII, de placer la nouvelle année quelques jours après. Pour la « chrétienté », Noël s’approche, et pour tous, du moins dans l’hémisphère nord, c’est le creux des nuits les plus longues, c’est le solstice d’hiver. Si l’on y festoie, c’est pour profiter des réserves accumulées à la saison des moissons, et pour combattre la tristesse sournoise qui accompagne le court séjour du soleil dans le cycle de vingt-quatre heures. Si, depuis Copernic, Galilée et Képler, nous connaissons les vraies raisons de cet angoissant rétrécissement des jours, nos organismes et nos humeurs n’en réagissent pas moins, en simples mammifères que nous sommes, par quelque inquiétude à affronter la mauvaise saison. Rationnellement et traditionnellement, festoyons donc lors du solstice, et bien entendu, la rédaction de La Raison vous souhaite d’heureuses fêtes de fin d’années, de préférence au 21 décembre.
Dans ce numéro du solstice, vous trouverez de nombreux développements autour du 7 e congrès de l’AILPtenu à Paris, à commencer par notre dossier central, entièrement consacré à cet événement. L’abondance des matières traitées durant cette rencontre ne sera certainement pas épuisée en un seul mois dans nos colonnes, et bien entendu, j’invite tous nos lecteurs à se procurer les actes complets du congrès, du colloque de l’IRELP et de la matinée consacrée aux sciences dès que l’ensemble de ces documents seront disponibles. Vous pourrez également prendre connaissance, par une série d’interviews et de déclarations « off », de la richesse des relations tissées autour de et dans l’AILP et son congrès : les libre penseurs polonais avec Wanda Nowicka, les rationalistes anglais et américains avec Jean-Jacques Subrenat, et leurs correspondants dans divers pays dont le nôtre, la Franc-Maçonnerie a-dogmatique avec le CLIPSAS, sigle dont vous découvrirez le sens dans l’entretien avec François Padovani, les libres penseurs belges avec Kamal Dhiff, la Fédération Humaniste Européenne avec Giulio Ercolessi. En complément, toujours dans le cadre du 7e congrès, nous rappelons le combat d’Americans United et de leur remarquable revue, « Church and State », dirigée par Rob Boston, et nous faisons état de l’action de la Charles Bradlaugh Society et du message que cette association a envoyé d’Angleterre.
En Ecosse, c’est la Scottish Secular Society qui milite pour que la baisse spectaculaire du taux de croyants se traduise par la laïcisation de la société. Ainsi, le combat pour la Séparation des Eglises et de l’Etat est mondial, mais et nous l’avons maintes fois souligné, il prend des formes diverses selon les pays, les conditions politiques et les religions
dominantes. L’essentiel est que l’expression de cette aspiration se retrouve dans et autour de l’AILP. Notre rubrique « Ainsi va le monde » fait état des derniers rebondissements juridiques sur la question des crèches et, d’une manière générale, de la prétention des religions à reconquérir l’espace public dans ce qu’il devrait avoir de plus préservé : les bâtiments institutionnels de la République. A Lyon, le Tribunal administratif a tranché. Laurent Wauquiez devra remballer sa « sainte famille ». En Vendée par contre, la Cour d’Appel Administrative ose prétendre que vingt-cinq ans de présence de la crèche, sous l’influence de la chouannerie locale – les De Villiers, Retailleau et autres – suffit à fonder une « tradition locale ». Contrairement à ce qu’affirme le très clérical journal « Ouest France », ce n’est pas la fin de l’affaire. La Libre Pensée redéposera un nouveau recours devant le Conseil d’Etat. Nous avons largement contribué à créer une jurisprudence qui redonne toute sa valeur à la loi de 1905 et en particulier à son article 28. Contrairement à d’autres pays, la Séparation est solidement inscrite dans la loi. Comme en Ecosse, le nombre de croyants et de pratiquants ne cesse de se réduire. D’où viendrait donc la prétention des cléricaux à revenir au premier plan ?
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