Parution de « La Raison » N° 643

L’Editorial du président

« Varia sed magna »

(divers mais importants)

 

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Je souhaite de bonnes vacances à nos lecteurs, qu’ils les prennent en Messidor, mois des moissons ou en Thermidor, mois des chaleurs. La règle commune des éditoriaux est de se saisir du sujet le plus brûlant de la revue et d’y consacrer l’essentiel de la page, mais dans ce numéro double, plusieurs thèmes d’importance méritent d’être relevés.

Tout d’abord, la préoccupation centrale qui fut la nôtre, des rumeurs, des démentis et autres assurances non tenues autour d’une possible révision de la loi de Séparation des Eglises et de l’État. Nos lecteurs se souviennent de la réunion tenue par le ministre de l’Intérieur Christophe Castaner, au cours de laquelle il avait affirmé que nul projet de loi n’était en cours. Il avait assuré les participants que si un tel projet devait voir le jour chacun d’entre eux en serait avisé. Quelques semaines après, nous apprenions qu’un tel projet avait été remis aux représentants des cultes, puis aux obédiences maçonniques, et pas aux organisations laïques, la Libre Pensée en particulier, pourtant présentes place Beauvau. D’où notre protestation en direction du ministère de l’Intérieur et du gouvernement. Vous verrez la réponse du ministre Castaner en page 26 de ce numéro. Ce dernier se « justifie » en affirmant avoir fait preuve de transparence, puisqu’il a fourni le document… à tous ceux avec qui il lui a plu d’en discuter ! Cependant, nous avons pu en prendre connaissance, et il n’est pas de nature à dissiper nos inquiétudes, comme vous pourrez le constater dans nos pages consacrées à la loi de 1905. Quant au gouvernement et à sa présidence, leur boîte aux lettres est un puits sans fond. Même en tendant l’oreille vous n’entendrez jamais l’impact de votre missive au bas du conduit.

A côté de cela, mais pas indépendamment, nous revenons sur l’escroquerie lourde de conséquences de la « laïcité dans l’entreprise ». L’aveu, dont il est question en page 22, n’est pas celui d’Artur London, mais celui, non extorqué, de Monsieur Petithuguenin, PDG de Paprec, représenté par son directeur des relations institutionnelles Monsieur Fanartzis, dans un colloque du Centre d’étude du fait religieux contemporain, auquel la Libre Pensée était invitée. On sait le rôle joué par Petithuguenin auteur de la restrictive « charte de la laïcité dans l’entreprise » dans l’élaboration de la loi El Khomri. On se souvient de ses consignes de vote, ou plutôt de non vote pour Mme Le Pen lors des dernières présidentielles. Comme l’écrit David Gozlan dans nos colonnes « donner des consignes de vote à ses salariés, c’est retourner au XIXe siècle où le patron emmenait ses salariés à la messe. Il s’agit ni plus ni moins de la confiscation de la liberté d’expression, de la négation de la liberté de conscience ». Et Monsieur Fanarzis avoue. Mieux, il confirme ! Au passage, il « balance » également : l’article liberticide de la loi Travail résulte d’un long travail d’élaboration avec le sénateur Glavany, la sénatrice Laborde, et des organisations « laïques » choisies : l’UFAL, EGALE… mais je ne vais pas déflorer outre mesure notre article précis et détaillé sur cette intéressante journée.

Il n’empêche que la loi El Khomri, avec son article soutenant la « neutralité » dans l’entreprise subit échecs sur échecs au plan juridique national et international. C’est donc tout naturellement que vous pourrez poursuivre votre lecture avec notre page 30 intitulée « une nouvelle torpille ». Fruit de la xénophobie antimusulmane, chacune de ses applications discriminatoires tombe sous le coup d’articles plus fondamentaux du Droit. Nous n’allons pas nous en plaindre.

Je termine cet éditorial par une nouvelle irlandaise. L’horrible affaire du couvent de Tuam fait l’objet de nouvelles révélations comme vous le verrez dans notre rubrique « Ainsi va le monde ». Le rapport intermédiaire de la Commission d’Enquête sur les orphelinats catholiques vient d’être publié par le ministre de l’Enfance de la république d’Irlande. Il est terrifiant. Au passage, la Libre Pensée a découvert une autre boîte aux lettres sans fond : celle du Vatican qui n’a jamais répondu à aucune des interrogations sur sa responsabilité quant à la gestion de ce couvent de l’horreur. Notre rubrique sciences donnera peut-être un jour la parole à quelque géologue compétent pour expliquer la multiplication de ces gouffres insondables.

Jean-Sébastien Pierre, Président de la Libre Pensée

 

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Parution de « La Raison » N° 637

L’Editorial du président

« Si vis pacem, non para bellum ! »

(Si tu veux la paix, ne prépare pas la guerre !)

 

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« Nivôse est un temps de repos, le froid et la pluie empêchant les travaux ». Il est vrai que l’on a envie de se mettre à l’abri, mais notre civilisation urbaine ne laisse plus de répit hivernal. Nivôse, c’est aussi le temps de se remettre des agapes du solstice d’hiver, et de souhaiter à tous une bonne année nouvelle. Si l’on s’en tient au calendrier révolutionnaire, nous sommes passés en l’an CCXVII depuis trois mois, les souhaits de bonne année se font donc, par coutume, selon le calendrier grégorien. Bonne année !

Notre dernier numéro a couvert novembre et décembre. Voici comblée votre longue attente de deux mois pour prendre connaissance du premier numéro de l’année civile 2019. Il me faut revenir un peu sur les deux mois écoulés.

D’abord nos rassemblements de novembre : un succès considérable avec 123 manifestations et plus de 10 000 participants. Vous en trouverez le détail et l’analyse dans nos pages 27 et 28. La souscription pour le monument sera bouclée, à la condition que tous ceux qui le peuvent et sont attachés à cette œuvre n’oublient pas de verser leur participation à l’aide du bon situé en fin d’article.

Par contraste, avec nos rassemblements pacifistes, les « commémorations » de la fin de la Guerre de 1914-1918 ont pris une connotation plus guerrière que jamais. Macron s’est oublié à saluer comme un « grand soldat » son maître à penser Philippe Pétain à qui, soit-dit en passant, depuis sa condamnation à la Libération, il ne convient plus d’attribuer le titre de maréchal. La commémoration s’est faite à grands bruits de bottes, même si le défilé militaire de Paris, un moment annoncé, n’a finalement pas eu lieu. Ce qui a eu lieu, c’est un grand rassemblement des dévastateurs de la planète, Trump, Poutine, le roi Salmane d’Arabie-Saoudite. Trump a su remercier Macron de sa sollicitude par un des tweets injurieux dont il a le secret. On a pu noter aussi la Marseillaise chantée par le chœur de l’Armée et une démonstration d’un régiment de marine devant l’Arc de triomphe. On peut noter également les scandaleux embrigadements d’enfants des écoles, comme à Quimper, l’interdiction de la Chanson de Craonne, véritablement mise à l’index par l’Exécutif, et en dépit de cela, largement reprise dans nombre de rassemblements pacifistes.

Oui, l’ambiance officielle sentait la guerre. D’ailleurs, le projet d’instauration d’un Service National Universel, supposé civil, mais de fait encadré par l’armée, supposé volontaire, mais de fait obligatoire, fait planer les plus grandes inquiétudes quant à l’embrigadement de la jeunesse. Extraction forcée des études et de la vie civile, travail au rabais, endoctrinement « patriotique », la chose tient à la fois des Chantiers de jeunesse du ci-devant ex-maréchal Pétain et d’un Service du travail obligatoire, organisé par l’Occupant dans la même période. Chers lecteurs, vous aurez bientôt accès à une brochure des jeunes libres penseurs faisant toute la lumière sur ce néfaste projet.

Décembre, correspondant au Frimaire républicain (à dix jours près), a vu nos rassemblements devant les préfectures pour défendre la loi de 1905. Délais de publication oblige, il vous faudra attendre le mois prochain pour en trouver le compte-rendu complet. Ce sera un bilan d’importance, car non seulement nous avons été reçus dans de nombreux départements, mais largement accompagnés par le mouvement laïque, républicain, démocratique et social. La remise en cause de la loi de Séparation, qui transformerait l’article 2 par quelque chose comme « la République ne reconnait… que les cultes reconnus » ne sera pas si facile à imposer. La Libre Pensée a pris largement sa place dans cette résistance, conformément à ses décisions du congrès de Saint-Herblain.

Un dernier mot, inspiré par le sommaire de ce numéro : Saluons une fois encore le mouvement d’émancipation de la religion que connait la République d’Irlande. A une écrasante majorité, le peuple s’est prononcé pour l’abolition du délit de blasphème. Après la dépénalisation de l’avortement et le mariage pour tous, c’est un pas de plus vers la séparation des Eglises et de l’Etat et un exemple pour tous les pays, où ce « délit » fait l’objet d’une législation répressive, en Europe comme dans le reste du monde. A Tunis, dans le même temps, l’Association internationale de la Libre Pensée (AILP) a pu tenir un colloque sur « la loi et le sacré », posant tous les problèmes de la séparation de la religion et de l’Etat. Je vous laisse découvrir nos articles sur ces sujets.

Jean-Sébastien Pierre, Président de la Libre Pensée

 

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Parution de « La Raison » N° 634

L’Editorial du président

Sur un air de fiddle… Déroute de la Calotte !

 

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Septembre est à cheval sur Fructidor et Vendémiaire de l’année suivante, qui commence le 22, jour de proclamation de la République. Le 20 septembre est la journée internationale de la Libre Pensée qui marque la rentrée, dans les jours supplémentaires (quintidis) qui suivent Fructidor. On dit qu’en septembre, le chant de la grive annonce un hiver froid, d’où le proverbe – républicanisé pour l’occasion : En fructidor si grive chante, cherche-toi maison accueillante ou bois pour flamme pétillante. Entendrons-nous la grive chanter ? Ou bien, convaincue par la théorie du réchauffement climatique, se taira-t-elle ? Le proverbe ne dit pas non plus de quelle grive il s’agit. Est-ce la mauvis, la musicienne ou la draine, toutes trois assez communes ? Je laisse la réponse aux ornithologues compétents.

Passons à notre actualité. En dépit de ses efforts, l’Eglise catholique recule en des régions essentielles pour elle, sur les sujets qu’elle dit de bioéthique. Nous saluons évidemment l’immense victoire du peuple d’Irlande votant l’abrogation du 8e amendement de la Constitution. C’est une nouvelle victoire, après la légalisation du divorce et l’adoption du mariage pour tous. C’est une cinglante défaite pour les cléricaux. Les exactions de l’Eglise catholique en Irlande n’y sont pas pour rien. Scandales pédophiles, exploitation horrible des jeunes femmes et des enfants dans les institutions de l’Eglise, affaires des Magdalena sisters et de l’ossuaire du couvent de Tuam ont – avec l’évolution naturelle des mœurs – pavé cette gifle historique. Brian Mc Clinton explique dans nos colonnes les répercussions que peut avoir cet événement majeur dans l’Irlande du Nord, sous domination anglaise. On apprend ainsi que ce territoire est une exception dans les îles britanniques, avec une loi sur l’avortement particulièrement restrictive.

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Parution de « La Raison » N° 633

L’Editorial du président

Ite non jam missa est ?

 

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Ce numéro de la Raison couvre les mois républicains de Messidor et Thermidor. Messidor, mois des moissons (messor, c’est le moissonneur et c’est aussi le nom latin de la fourmi moissonneuse), et Thermidor, mois des fortes chaleurs. Thermidor, hélas, évoque aussi la réaction qui mènera au Directoire, au Consulat, puis à l’Empire. Les proverbes de circonstance : « Mois de juillet, la faucille au poignet », et « Beaucoup d’eau en août, peu de bon vin » auraient pu devenir « mois de Messidor, la faux à bras le corps » et « Thermidor sous la pluie, peu de vin dans les muids ». Évidemment, je vous souhaite un bel été avant et pendant notre congrès de Saint-Herblain.

Mais revenons à l’actualité de la Libre Pensée. Le mois dernier, notre journal a insisté sur les menaces que le discours d’Emmanuel Macron, devant la Conférence des Evêques de France, faisait peser sur la loi de 1905. Le contenu de ce numéro montre que rien n’est joué. « Ite, non jam missa est» (1)  titre le communiqué émanant de nos Fédérations d’Alsace-Moselle et de  Meurthe-et-Moselle, en annonçant la fin de la célébration d’une messe dans les locaux de l’ESPE (anciennement IUFM) à Montigny-lès-Metz. Fin de 90 ans de cette pratique cléricale signant la présence concordataire de l’Eglise catholique dans l’Université. Pour autant, ce n’est pas l’abrogation du Concordat, et le communiqué rappelle les conditions pour que l’Université de Lorraine, créée par fusion, soit un établissement laïque. Ce n’est pas une affaire locale, c’est un combat qui intéresse tout l’Enseignement supérieur. Continuer la lecture de « Parution de « La Raison » N° 633 »

Parution de « La Raison » N° 630

L’Editorial du président

Des cultes reconnus ?

 

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« En avril, ne te découvre pas d’un fil ». Dans le calendrier républicain, cela pourrait donner : « En germinal, garde ta cape hivernale ». Germinal évoque les germinations, du moins pour les céréales et cultures de printemps. Le colza d’hiver commence à fleurir, et sur le blé du même nom, les épis sont sortis. Le calendrier républicain a été établi à la fin du « petit âge glaciaire » et l’état d’avancement des cultures était sans doute moindre qu’aujourd’hui à date anniversaire. Germinal, en outre, évoque le grand roman social d’Émile Zola, cher à nombre de libres penseurs.

La Libre Pensée a été reçue à l’Observatoire de la laïcité, ce qui nous a permis de développer des thèmes d’une brûlante actualité. Une fois de plus, il a fallu revenir à la question des libertés publiques à propos de la soi-disant « laïcité dans l’entreprise ». Notre délégation s’est également élevée contre la normalisation du vêtement, mais aussi de la parole à l’Assemblée nationale. Déjà réduite à un rôle totalement subalterne depuis les origines de la Ve république, ce serait également un lieu où la liberté d’expression serait contrainte par on ne sait quelle bienséance ?

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Parution de « La Raison » N° 629

L’Editorial du président

Laïcité toujours !

 

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Encore une tempête dans le bénitier de la cathosphère : les instituteurs de Langon ont osé interrompre la projection d’un film destiné à leurs élèves, lorsqu’ils se sont aperçus que cette réalisation racontait la naissance d’un certain Jésus à travers les Evangiles. Voilà pourquoi ils sont l’objet d’un acharnement médiatique insensé. Bien entendu, nous les soutenons dans leur démarche parfaitement laïque. Le film, intitulé «  l’étoile de Noël  », animé par un grand studio américain était présenté par le synopsis comme une histoire d’animaux, et notamment d’un petit âne. Au lieu de vitupérer contre des instituteurs fidèles à la laïcité, les mécontents devraient attaquer le réalisateur pour blasphème. L’Evangile, une histoire d’âne ? Allons donc !

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Parution de « La Raison » N° 627

L’Editorial du président

Dura lex, sed lex

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Vous ne m’en voudrez pas, j’espère, si je commence cet éditorial en me référant à la dernière page du journal : Le Conseil d’État, à Ploërmel, a donné raison à la Libre Pensée en commandant que la croix monumentale (2,25 m) surplombant la statue du pape Jean-Paul II sur une place publique de Ploërmel soit enlevée. Cela met juridiquement un terme à dix années de provocation cléricale. Ce jugement met la commune de Ploërmel devant l’alternative suivante : retirer au moins la croix, sous réserve d’acceptation de cette amputation par l’artiste ou ses ayants-droit, ou bien déplacer le monument litigieux en un lieu privé.

Une nouvelle fois, la plus haute juridiction administrative française s’est appuyée sur l’article 28 de la loi de Séparation des Églises et de l’État.

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Parution de « La Raison » N° 626

L’Editorial du président

Joyeux Noël Païen !

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Les dieux, disait Sébastien Faure, sont nés de l’ignorance et de la peur. A l’origine des religions on trouve, profondément ancrés, les cycles de la nature mystifiés et divinisés : les deux équinoxes et les deux solstices, marquant les quatre saisons, sont l’occasion de célébrations dans tous les mythes du monde. La religion chrétienne, grande récupératrice des traditions païennes à son profit, n’a su faire mieux que d’adopter le solstice d’hiver comme date de naissance de son soi-disant messie, et, après le pape Grégoire XIII, de placer la nouvelle année quelques jours après. Pour la « chrétienté », Noël s’approche, et pour tous, du moins dans l’hémisphère nord, c’est le creux des nuits les plus longues, c’est le solstice d’hiver. Si l’on y festoie, c’est pour profiter des réserves accumulées à la saison des moissons, et pour combattre la tristesse sournoise qui accompagne le court séjour du soleil dans le cycle de vingt-quatre heures. Si, depuis CopernicGalilée et Képler, nous connaissons les vraies raisons de cet angoissant rétrécissement des jours, nos organismes et nos humeurs n’en réagissent pas moins, en simples mammifères que nous sommes, par quelque inquiétude à affronter la mauvaise saison. Rationnellement et traditionnellement, festoyons donc lors du solstice, et bien entendu, la rédaction de La Raison vous souhaite d’heureuses fêtes de fin d’années, de préférence au 21 décembre.

Dans ce numéro du solstice, vous trouverez de nombreux développements autour du 7 e congrès de l’AILPtenu à Paris, à commencer par notre dossier central, entièrement consacré à cet événement. L’abondance des matières traitées durant cette rencontre ne sera certainement pas épuisée en un seul mois dans nos colonnes, et bien entendu, j’invite tous nos lecteurs à se procurer les actes complets du congrès, du colloque de l’IRELP et de la matinée consacrée aux sciences dès que l’ensemble de ces documents seront disponibles. Vous pourrez également prendre connaissance, par une série d’interviews et de déclarations « off », de la richesse des relations tissées autour de et dans l’AILP et son congrès : les libre penseurs polonais avec Wanda Nowicka, les rationalistes anglais et américains avec Jean-Jacques Subrenat, et leurs correspondants dans divers pays dont le nôtre, la Franc-Maçonnerie a-dogmatique avec le CLIPSAS, sigle dont vous découvrirez le sens dans l’entretien avec François Padovani, les libres penseurs belges avec Kamal Dhiff, la Fédération Humaniste Européenne avec Giulio Ercolessi. En complément, toujours dans le cadre du 7e congrès, nous rappelons le combat d’Americans United et de leur remarquable revue, « Church and State », dirigée par Rob Boston, et nous faisons état de l’action de la Charles Bradlaugh Society et du message que cette association a envoyé d’Angleterre.

En Ecosse, c’est la Scottish Secular Society qui milite pour que la baisse spectaculaire du taux de croyants se traduise par la laïcisation de la société. Ainsi, le combat pour la Séparation des Eglises et de l’Etat est mondial, mais et nous l’avons maintes fois souligné, il prend des formes diverses selon les pays, les conditions politiques et les religions
dominantes. L’essentiel est que l’expression de cette aspiration se retrouve dans et autour de l’AILP. Notre rubrique « Ainsi va le monde » fait état des derniers rebondissements juridiques sur la question des crèches et, d’une manière générale, de la prétention des religions à reconquérir l’espace public dans ce qu’il devrait avoir de plus préservé : les bâtiments institutionnels de la République. A Lyon, le Tribunal administratif a tranché. Laurent Wauquiez devra remballer sa « sainte famille ». En Vendée par contre, la Cour d’Appel Administrative ose prétendre que vingt-cinq ans de présence de la crèche, sous l’influence de la chouannerie locale – les De VilliersRetailleau et autres – suffit à fonder une « tradition locale ». Contrairement à ce qu’affirme le très clérical journal « Ouest France », ce n’est pas la fin de l’affaire. La Libre Pensée redéposera un nouveau recours devant le Conseil d’Etat. Nous avons largement contribué à créer une jurisprudence qui redonne toute sa valeur à la loi de 1905 et en particulier à son article 28. Contrairement à d’autres pays, la Séparation est solidement inscrite dans la loi. Comme en Ecosse, le nombre de croyants et de pratiquants ne cesse de se réduire. D’où viendrait donc la prétention des cléricaux à revenir au premier plan ?

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