L’Editorial du président
« Varia sed magna »
(divers mais importants)
Je souhaite de bonnes vacances à nos lecteurs, qu’ils les prennent en Messidor, mois des moissons ou en Thermidor, mois des chaleurs. La règle commune des éditoriaux est de se saisir du sujet le plus brûlant de la revue et d’y consacrer l’essentiel de la page, mais dans ce numéro double, plusieurs thèmes d’importance méritent d’être relevés.
Tout d’abord, la préoccupation centrale qui fut la nôtre, des rumeurs, des démentis et autres assurances non tenues autour d’une possible révision de la loi de Séparation des Eglises et de l’État. Nos lecteurs se souviennent de la réunion tenue par le ministre de l’Intérieur Christophe Castaner, au cours de laquelle il avait affirmé que nul projet de loi n’était en cours. Il avait assuré les participants que si un tel projet devait voir le jour chacun d’entre eux en serait avisé. Quelques semaines après, nous apprenions qu’un tel projet avait été remis aux représentants des cultes, puis aux obédiences maçonniques, et pas aux organisations laïques, la Libre Pensée en particulier, pourtant présentes place Beauvau. D’où notre protestation en direction du ministère de l’Intérieur et du gouvernement. Vous verrez la réponse du ministre Castaner en page 26 de ce numéro. Ce dernier se « justifie » en affirmant avoir fait preuve de transparence, puisqu’il a fourni le document… à tous ceux avec qui il lui a plu d’en discuter ! Cependant, nous avons pu en prendre connaissance, et il n’est pas de nature à dissiper nos inquiétudes, comme vous pourrez le constater dans nos pages consacrées à la loi de 1905. Quant au gouvernement et à sa présidence, leur boîte aux lettres est un puits sans fond. Même en tendant l’oreille vous n’entendrez jamais l’impact de votre missive au bas du conduit.
A côté de cela, mais pas indépendamment, nous revenons sur l’escroquerie lourde de conséquences de la « laïcité dans l’entreprise ». L’aveu, dont il est question en page 22, n’est pas celui d’Artur London, mais celui, non extorqué, de Monsieur Petithuguenin, PDG de Paprec, représenté par son directeur des relations institutionnelles Monsieur Fanartzis, dans un colloque du Centre d’étude du fait religieux contemporain, auquel la Libre Pensée était invitée. On sait le rôle joué par Petithuguenin auteur de la restrictive « charte de la laïcité dans l’entreprise » dans l’élaboration de la loi El Khomri. On se souvient de ses consignes de vote, ou plutôt de non vote pour Mme Le Pen lors des dernières présidentielles. Comme l’écrit David Gozlan dans nos colonnes « donner des consignes de vote à ses salariés, c’est retourner au XIXe siècle où le patron emmenait ses salariés à la messe. Il s’agit ni plus ni moins de la confiscation de la liberté d’expression, de la négation de la liberté de conscience ». Et Monsieur Fanarzis avoue. Mieux, il confirme ! Au passage, il « balance » également : l’article liberticide de la loi Travail résulte d’un long travail d’élaboration avec le sénateur Glavany, la sénatrice Laborde, et des organisations « laïques » choisies : l’UFAL, EGALE… mais je ne vais pas déflorer outre mesure notre article précis et détaillé sur cette intéressante journée.
Il n’empêche que la loi El Khomri, avec son article soutenant la « neutralité » dans l’entreprise subit échecs sur échecs au plan juridique national et international. C’est donc tout naturellement que vous pourrez poursuivre votre lecture avec notre page 30 intitulée « une nouvelle torpille ». Fruit de la xénophobie antimusulmane, chacune de ses applications discriminatoires tombe sous le coup d’articles plus fondamentaux du Droit. Nous n’allons pas nous en plaindre.
Je termine cet éditorial par une nouvelle irlandaise. L’horrible affaire du couvent de Tuam fait l’objet de nouvelles révélations comme vous le verrez dans notre rubrique « Ainsi va le monde ». Le rapport intermédiaire de la Commission d’Enquête sur les orphelinats catholiques vient d’être publié par le ministre de l’Enfance de la république d’Irlande. Il est terrifiant. Au passage, la Libre Pensée a découvert une autre boîte aux lettres sans fond : celle du Vatican qui n’a jamais répondu à aucune des interrogations sur sa responsabilité quant à la gestion de ce couvent de l’horreur. Notre rubrique sciences donnera peut-être un jour la parole à quelque géologue compétent pour expliquer la multiplication de ces gouffres insondables.
Jean-Sébastien Pierre, Président de la Libre Pensée
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