Parution de « La Raison » N° 611

La couverture

extrait de l’éditorial du Président Jean-Sébastien Pierre :

Le temps des cerises

Pour certains, le mois de mai est le « mois de Marie ». Vous savez, la dame censée être née d’une parthénogenèse et elle-même parthénogénétique, ce qui fait remonter le clonage humain au Premier siècle de notre ère.Parthénogenèse est en effet le mot dont usent les scientifiques pour désigner les naissances sans fécondation. Notons que ce dogme, dit de l’Immaculée Conception, a eu quelque mal à s’imposer, puisqu’il n’a été proclamé qu’en 1854 par un pape qui n’était pas encore réputé infaillible. Le droit de croire à ce genre d’invraisemblances est partie intégrante de la démocratie. Le fait de ne pas l’imposer à tout le monde aussi. À Publier, la statue de la dame a quelques soucis à se faire étant donné le jugement – légitime – qui la vise. Jorge Bergoglio se plaignant (à sa manière inimitable que vous découvrirez dans ce numéro) de ce que la France n’est pas assez laïque, nous comptons bien que les provocations consistant à imposer les symboles de l’Église catholique dans l’espace public, tel que l’installation d’une statue de son prédécesseurKarol Wojtyla surmontée d’une arche et d’une croix monumentales à Ploërmel soient traitées comme il se doit par les tribunaux

Pour les libres penseurs, le mois de mai a une tout autre connotation : celui de la journée internationale des travailleurs, le Premier mai, jour de grève et de manifestations, bien loin dans son esprit de l’abominable « fête du Travail » instaurée par le maréchal Pétain et jamais restaurée dans son intitulé initial, ni par les IVe et Ve républiques, ni par les journalistes des grands médias.

Elle prend son origine dans le « moving day » lancé pour obtenir la journée de 8 heures par le congrès des syndicats américains de 1884. Le Premier mai fut ensuite désigné «Journée internationale des travailleurs » par la IIe internationale. Les 9 morts de Fourmies en 1891 enracinent le Premier mai dans la tradition de lutte des ouvriers européens.

La Libre Pensée, association philosophique, sociale et d’éducation populaire, dont l’histoire est liée à celle du mouvement ouvrier, inclut le Premier mai dans son calendrier. Le mois de mai est le mois de la lutte des classes.Le mois de mai, ce n’est pas encore le temps des cerises,mais c’est laCommune de Paris, la République ouvrière.

Et on ne peut que condamner, avec gravité, la terrible attaque menée contre les droits des travailleurs par la ministre du Travail, inspirée, sinon pilotée par le Premier ministre lui-même, à la satisfaction bruyante des cercles patronaux et des « think tanks » inféodés à l’Union européenne

Les citoyens de ce pays ont parfaitement compris l’essence du texte, et les manifestations prennent de l’ampleur. La jeunesse descend dans la rue. Lors de l’émission de mars sur France-Culture, nous avons donné la parole à des syndicalistes en pleine action dans la rue. Nous avons aussi donné notre point de vue. À vos podcasts ! (…)

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